FORGEARD JEAN BAPTISTE.

 

Le capitaine au long cours, Cap Hornier, Albatros  Forgeard ( Folio 275, N° 547 ) est né à Saint Briac le 25 mars 1857 et décédé en 1927.né de 8 enfants ( 7 garçons et une fille Félicie ) . Son prénom, Jean-Baptiste, était celui de tous les premiers nés de sa famille. Il eut quatre fils qu'il éleva  aussi durement qu’il vivait lui-même. Après 2 voyages de mousse avec son père, l’aîné fût mis, à 14 ans, en pension dans une école chrétienne de Rennes, le Thabor . Il n’y fit rien, ce que voyant Forgeard l’ en retira et rendu méfiant par cet insuccès, refusa d’ entendre parler d’ études pour ses autres fils qui apprirent à naviguer sur les bateaux. Deux périrent en mer. 

Forgeard était un homme grand et fort , à l' air impérieux , accentué par sa chevelure sombre et ses yeux noirs . Toujours très soigné de sa personne, il ne  se promenait jamais sans sa canne à pommeau d' argent , sa chemise blanche bien empesée, sa cravate et sa chaîne d' or au gilet. Il mourut en 1927 et, comme c'était l'usage, des pleureuses vinrent veiller le défunt, mais. selon la tradition familiale, elles provoquèrent quelques fous rires étouffés en répétant, levant les bras au ciel: "Par iou que tu passeras, j’passerons qu’ en triste affaire, mon bon Jésus !"    

 

Rude marin, Forgeard naviguait depuis l' âge de 13 ans. Il apparaît pour la première fois comme officier sur l '  EVANGELINE,  assez petit bateau qui allait chercher la morue pêchée sur les bancs de Terre-Neuve. Il entra ensuite à la Maison Bordes et commanda la BLANCHE ET LOUISE, 3 mâts barque en fer lancé à Liverpool en 1868, qui faisait le transport de rhum et de sucre des Antilles. Son armateur lui confia ensuite une mission de confiance, conduire à Iquique ( Chili ) un petit remorqueur de 20 mètres le CAVANCHA  qui durant de longues années  ensuite y fit le remorquage des navires pour l' entrée et  la sortie.  Ce minuscule vapeur ne pouvait emporter dans ses soutes assez de charbon pour traverser l' Atlantique, on le munit d' une voilure de goélette. Arrivé sur la côte Américaine, près de Rio de Janeiro, Forgeard  descendit à terre  avec 4 matelots couper du bois  pour alimenter les chaudières ce qu'il répéta de nombreuses fois avant d' atteindre enfin le Chili. 

Pour le remercier d' avoir mené à bien cette mission, son armateur lui donna le commandement du 4 mâts CAP HORN,   puis celui du 5 mâts  FRANCE, le plus grand voilier du monde, 114 mètres de long, 51 mètres de hauteur de mâts , 5000 tonneaux, 46 personnes d' équipage : le capitaine assisté d'un second  , de 3 lieutenants, d' un maître d' équipage avec  2 seconds maîtres et 38 hommes d' équipage. Il était si grand qu'il faillit une nuit, dans un port Anglais, être coupé en deux, l'officier de quart du croiseur Bleinhem  le navire abordeur, ayant vu ses feux avant et arrière si éloignés l' un de l' autre, qu'il les avaient pris pour ceux de deux navires différents.

Commandé par Forgeard le FRANCE, quitta North Shields ( Angleterre )  le 14 mars 1901 avec 5100 tonnes de charbon à destination de Valparaiso où il n'arriva jamais.  Au milieu de l' Atlantique, par le travers de Montevideo, dans un violent coup de vent le bardi céda et le  navire se coucha sur un bord. Malgré les efforts  de l'équipage pour essaye de redresser le bateau, la situation fut bientôt désespérée, une voie d'eau importante s'étant ouverte dans les hauts sous la poussé de la cargaison et des tonnes d'eau embarquées sur le pont. L' équipage fut recueilli par le 4 mâts Allemand  HEBE  de Hambourg, Capitaine Korpf. Celui-ci remit en route de suite pour ne pas allonger son voyage et c’est ainsi que l' on accusa Jean Baptiste Forgeard de ne pas avoir assisté au naufrage de son navire (bruit lancé par une petite goélette Espagnole qui rencontra le 5 mâts abandonné ).
L’ Armement Bordes n’en tint pas rigueur à Jean Baptiste Forgeard qui commanda ensuite le LOIRE, l' ALEXANDRE et l'ATLANTIQUE, sa famille en possède une belle gouache.


II termina sa carrière comme Capitaine d’ Armement à Port Talbot (Angleterre) où sa soeur Félicie l’accompagna, ce qui  valut à celle-ci d’ être citée dans " Les derniers Cap Horniers Français " de Louis Lacroix.